Les différentes salles du Musée des arts islamiques de Raqqada, agréablement aménagées, rendent compte du brillant passé de Kairouan et de ses villes princières.
Outre les objets en céramique, en bois, en bronze et en verre, les beaux feuillets de plusieurs livres saints du Coran, on peut admirer les bijoux en or et en argent qui y sont exposés.
Il y a lieu de citer comme exemple un pendant d’oreille en or filigrané provenant d’Egypte et ayant une hauteur de 3,2 cm, et qui se caractérise par un demi-cercle en or massif d’où émane de part et d’autre deux boules sphériques ajourées.
Les quatre boules n’ont pas le même volume, celles qui se trouvent dans la partie supérieure du pendant sont plus petites. Les deux autres, plus grandes, enserrent un médaillon qui représente un visage stylisé! Deux boules massives qui enserrent une boule centrale viennent compléter ce magnifique pendentif.
Dr Mourad Rammah, ex-conservateur de la Médina de Kairouan et président de l’ASM, précise dans ce contexte que des pièces semblables ont été identifiées en Iran, en Egypte et en Syrie.
«Le travail du joaillier se manifeste dans les ouvrages en fil d’or très fin et pourtant très résistant sans pour autant révéler comment ils étaient maintenus. Il semble que ce pendentif soit de fabrication syrienne ou égyptienne. Néanmoins, on ne peut pas nier une parenté avec des boucles iraniennes, d’autant plus qu’elle présente des analogies frappantes avec des bijoux similaires provenant de Jurgan…».
Autre bijou : une boucle d’oreille en feuille d’or ayant une hauteur de 2,2 cm et provenant du site de Raqqada. Il s’agit d’un anneau circulaire de suspension qui porte une ouverture, supporte trois boules sphériques reliées entre elles et se terminant par des bouchons cylindriques.
Elles comportent une pièce en forme de calotte à cannelures. De l’autre côté de l’anneau, se dresse un segment enroulé dont la fonction nous est inconnue.
Dr Mourad Rammah explique que si ces formes sphériques se retrouvent dans des bijoux musulmans d’Occident comme d’Orient, il nous a été malheureusement impossible de reconnaître des boucles similaires à celles de Raqqada, dans les différentes collections qu’on a pu consulter. «Il faut reconnaître que les bijoux des premiers siècles de l’Islam ne subsistent qu’en très petit nombre et le manque de documents ne permet pas de démêler des fililations, de suivre une évolution et de rattacher les trouvailles nouvelles à une série cohérente et bien datée. Néanmoins, cette boucle diffère du point de vue technique et décoratif des pendants fatimides ou zirides. Elle apparut plus archaïsante et, manifestement, d’une influence classique…».